Avec ses 240 espèces végétales, le Marais du Rif Tort abrite une flore très diversifiée, dont des espèces relictuelles héritées de l'ère glaciaire particulièrement rares en Europe (et donc protégées) et comparables à celles que l'on peut trouver dans le Grand Nord. Habituées aux conditions de froid extrême, elles se sont réfugiées en altitude et se développent dans des contextes très spécifiques, alimentés par des eaux froides, bien oxygénées, à pH basique, et soumises à des perturbations régulières (érosion, cryoturbation – phénomène affectant les couches superficielles du sol soumises à des alternances de gel et de dégel). Ces espèces sont aujourd’hui menacées par le changement climatique qui tend à réduire leur aire de répartition dans les Alpes…
Du fait de sa rareté et de sa grande sensibilité, le marais du Rif Tort a été classé en Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (APPB). Il est donc formellement interdit d’y pénétrer et d’y circuler hors sentiers et pistes balisés, d’allumer des feux, d’abandonner des déchets, de camper et de bivouaquer. Malheureusement, les deux panneaux d'informations présents sur le site et rappelant aux visiteurs les règles propres à l'APPB, bien que nécessaires, restaient peu efficaces car trop souvent non vus et/ou non lus. Par méconnaissance, de nombreux visiteurs (randonneurs, traileurs, cyclistes, campeurs...) se retrouvent donc directement dans le marais, détériorant la flore par piétinement et dérangeant par la même occasion la faune sauvage qui y vit...
Des travaux de protection réalisés
Attendus depuis plusieurs mois, les travaux de mise en défens de la zone ont été réalisés à l'automne 2024. Ils ont consisté à la pose, sur le pourtour de l’APPB et tout le long du GR balisé, de petits potelets en bois équipés d’une plaquette d’information, afin d’informer les visiteurs de la présence de cette zone protégée et des règles qui lui sont propres : rester sur le sentier balisé et ne pas en sortir (pour ne pas divaguer dans la zone), et ne pas camper et bivouaquer dans la zone. En l’absence de passage humain, les zones humides et les espèces protégées qu’elles hébergent pourront évoluer sans craindre d’être piétinées ! La quiétude retrouvée permettra aussi à la faune de réaliser entièrement ses cycles de développement.